Daniel Agblevon, le pâtissier togolais qui valorise les denrées agricoles locales

08/09/2020

Rédaction KankléMi

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Daniel Agblevon, le pâtissier togolais qui valorise les denrées agricoles locales

Dans son pays le Togo, il est connu pour  l’originalité de ses produits. Daniel Agblevon fait de la pâtisserie à base de moringa, manioc, patate douce et soja. Son souhait le plus grand est de pousser les populations à la consommation locale en remplaçant progressivement la farine de blé par les denrées agricoles du terroir. Un challenge qui n’est pas facile à relever parce que l’entrepreneur se heurte à la réticence des Togolais à adopter de nouveaux produits.

Daniel Agblevon met donc à contribution son savoir-faire et son expérience en intégrant des produits locaux dans la fabrication du pain. Il a eu l’ingénieuse idée de mettre sur le marché togolais du pain à base de moringa. Cette graine est célèbre en Afrique pour ses nombreux bienfaits (riche en minéraux tels le calcium, le potassium, le fer et le magnésium mais aussi, en vitamines A, C, E, et même, en protéines et antioxydants). La formule vient compléter la longue liste de variété de pains qu’il produit déjà.  Au mil, au champignon, à la patate douce et au manioc, le pain local n’a aucun secret pour lui.

« Aujourd’hui, nous avons plus de 20 produits sur le marché dont 10 sont à base du manioc qui sont des produits qui contribuent à la bonne santé et le bien-être de l’homme », précise le pâtissier. Selon lui, l’ajout des produits locaux et des plantes médicinales dans la pâtisserie assure une bonne santé aux consommateurs. Cette initiative vient en quelque sorte mettre fin à la polémique de l’utilisation de produits chimiques à l’instar du bromate de potassium dans du pain ou autres dérivés nuisibles à la santé de l’homme.

 

Glory Bread

Basée dans la localité de de Zanguéra, à quelques kilomètres de la capitale Lomé, sa boulangerie propose à la clientèle de nouvelles formules de pâtisserie qui n’intègrent aucunement la farine de blé. A travers cette unité, il mène chaque jour le combat du « Made in Africa ». D’ailleurs le 29 août 2020 le Glory Bread célébrait son 1er anniversaire. Occasion pour Daniel Agblevon de faire un bilan et revenir sur sa vision. Il faut noter que les produits de cette structure sont certifiés par l’Institut Togolais de Recherche Agronomique et l’Institut National d’Hygiène.

 

Glory Bread voit le jour d’un constat simple : les boulangeries n’utilisent que du blé pour faire des pâtisseries. L’entrepreneur décide donc de trouver une alternative locale à cet ingrédient, et le remplace par la farine de patate douce. Plus tard, il incorpore d’autres éléments et réduit progressivement la quantité de farine de blé dans les recettes. Pains, croissants, biscuits, toutes les pâtisseries sont constituées de 70 à 100% de farine de céréales ou de tubercules locales. L’objectif visé par cette initiative est donc de deux ordres : valoriser les aliments locaux et proposer aux agriculteurs un nouveau segment qui leur permettra d’augmenter leurs revenus.

Un an après son lancement, Daniel Agblevon dit avoir réalisé un chiffre d’affaires d’environ 20 millions de francs CFA. Il tient surtout à préciser que les charges de Glory Bread dépassent largement ce montant. « Je tiens dur, je sens qu’il y a de l’avenir car tous ceux qui osent consommer reviennent toujours. Il nous faut juste de la communication et de l’efficacité », précise-t-il.

L’entreprise innove dans le domaine de la pâtisserie au Togo tout en créant des emplois. Au niveau des chiffres cela fait déjà au compteur une vingtaine de produits à base de ces denrées et une dizaine d’employés qui travaillent avec professionnalisme. À présent, Daniel Agblevon travaille à conquérir le marché togolais et plus tard, à franchir les frontières internationales. L’entrepreneur devra toutefois faire avec la réticence des populations à intégrer de nouveaux produits dans leurs habitudes de consommation.

 

Parcours

Comme la plupart de jeunes de son milieu, Daniel Agblevon est issu d’une famille modeste. Il a eu un parcours scolaire sans faute jusqu’à l’obtention d’une maitrise en comptabilité. Il intégra la fonction publique en 2008, après un concours général duquel il sorti major de sa promotion, 1er sur 5000 candidats. Il devient comptable affecté au contrôle financier au ministère de l’économie et des finances. Malgré ce poste qui lui permet d’être à l’abri du besoin, Daniel, trouve toujours le temps de se consacrer à ses projets. En marge de sa profession, il continua ses études jusqu’à l’obtention d’un diplôme de Master à l’université ULCO côte d’Opale en 2016 en France. Il est gestionnaire comptable et logisticien, agent de développement et fonctionnaire au Centre Administratif des Services Economiques et Financiers (CASEF). Beau parcours jusqu’au lancement de sa boulangerie en 2019.

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